Marie-Christine MILLIERE


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Qui est Kreutzer ?

Né à Versailles le 16 novembre 1766, mort à Genève le 6 janvier 1831, Rodolphe Kreutzer, dont le nom est étroitement lié à celui de BEETHOVEN, est bien le dédicataire de la fameuse "Sonate à Kreutzer".

En 1798, au cours d'une de ses tournées triomphales, Rodolphe KREUTZER, grand violoniste compositeur, joue à Vienne.

BEETHOVEN, présent à ce concert, est subjugué par les qualités exceptionnelles de cet interprète compositeur. L'élégance de son jeu, sa virtuosité et sa profondeur d'âme l'émeuvent. Il apprécie aussi l'homme comme le me montre une lettre à son éditeur Simrock, datée du 4 octobre 1804, voici ce que BEETHOVEN lui écrit :

Kreutzer est un homme de valeur, j'ai eu grand plaisir à le voir durant son séjour ici. Sa simplicité et son naturel me sont plus cher que tout l'extérieur sans intérêt de la plupart des virtuoses. La sonate (à Kreutzer) a été écrite pour un violoniste de talent, aussi cette dédicace lui convient-elle parfaitement

MOZART s'est aussi exprimé à son sujet dans une lettre de 1782 ou il évoque le bon goût et le sentiment musical de KREUTZER

BERLIOZ, fin octobre 1824, après avoir entendu "Abel", un des nombreux opéras de KREUTZER, adresse au compositeur une lettre enthousiaste :

... O Génie ! Je succombre ! Je meurs !
Les larmes métouffent ! La mort d'Abel* : dieux ! Quel infame public ! Il ne sent rien ! Que faut-il donc pour l'émouvoir ?
O génie ! Et que ferais-je moi si un jour ma musique peint les passions ; on ne me comprendra pas, puisqu'ils ne couronnent pas, qu'ils ne portent pas en triomphe, qu'ils ne se prosternent pas devant l'auteur, de tout ce qui est beau ! Sublime, déchirant, pathétique ! A, je n'en puis plus ; il faut que j'écrive ! A qui écrirai-je ? Au génie ? Non, je n'ose ! C'est à l'homme, c'est à Kreutzer... Il se moquera de moi - ça m'est égal - je mourrais si je me taisais. Ah que ne puis-je le voir, lui parler - il m'entendrait, il verrait ce qui se passe dans mon âme déchirée.
Peut-être il me rendra le courage que j'ai perdu en voyant les insensibilités de ces gredins de ladres, qui sont à peine dignes d'entendre les pantalonnades de ce pantin de Rossini. Si la plume ne me tombait pas des mains, je ne finirais pas. AH GENIE !"

*Opéra de Kreutzer

Influencé par le violoniste italien VIOTTI, KREUTZER développe une nouvelle écriture : le concerto brillant, virtuose, par opposition au concerto grosso. Les phrases chantées, d’une grande émotion musicale dans leur simplicité et leur profondeur, alternent avec des pages d’une grande virtuosité, parfois acrobatique, qui met en relief les qualités de l’instrument et de l’instrumentiste.

Élève de STAMITZ, Rodolphe KREUTZER vécut à Paris sous quatre régimes politiques différents :

1783-1784 Très jeune violoniste à la Chapelle Royale de Versailles, il est sous la protection de Marie-Antoinette et du Comte d’Artois.

1802-1815 : Maître de Chapelle du 1er Consul puis de l’Empereur.

1815-1827 : Maître de Chapelle de la Chapelle Royale sous la Restauration.

1793-1825 : Professeur de violon à l’Institut de Musique (devenu en 1795 le Conservatoire de Musique de Paris).

1801-1826 : Violon solo puis chef d’orchestre à l’Opéra de Paris.

Les régimes se succèdent, mais le talent de Rodolphe KREUTZER lui permet de traverser cette période instable avec tous les honneurs.

Remarquable pédagogue, il a composé de nombreuses œuvres pour violon : « le recueil des 40 études », connu et reconnu internationalement comme base essentielle de la technique violonistique, 3 symphonies concertantes à 2 violons et orchestre ainsi que les 19 concertos.

S’y ajoutent 40 opéras et ballets, 17 quatuors à cordes 15 trios et plusieurs sonates.

Avec RODE et BAILLOT, KREUTZER fonde la grande de la grande « Ecole française du violon » au XIX.